N… Notoriété des habitants #Challenge AZ 2017

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Retour à Mérobert, le dimanche 22 août 1773, les habitants sont rassemblés après la messe dans l’église (1). Cette fois-ci, il ne s’agit pas de délibérer sur une affaire commune mais de déclarer les revenus du prieuré de Mérobert. Cette déclaration prend la forme d’une notoriété.

Les actes de notoriété, plus courants au XIXe siècle, sont essentiellement rédigés pour attester de l’existence d’une personne décédée grâce aux témoignages de gens l’ayant connu et côtoyé et de dresser la liste des potentiels héritiers.

Cet acte de 1773, quant à lui, vient attester des revenus annuels du prieuré pour qu’ils soient notoirement connus et ainsi laisser une trace écrite.

« (…)Tous demeurants audit Mérobert compozants les principaux habitants
de ladite paroisse, lesquels ont déclarés et affirmés en mains
du notaire soussigné présences desdits tesmoins qu’ils ont connaissance
que le revenu ordinaire du prieuré de Mérobert consiste en ce qui
suit (…) ».

Pourquoi parle-ton d’un prieuré alors qu’il n’y pas d’ordre religieux établis dans la paroisse? Il s’agit d’un prieuré-paroissial, c’est à dire que la cure de l’église dépendait d’une abbaye. le prêtre n’était pas simplement curé, il avait le statut de prieur. En effet l’église de Mérobert a été construite au XIIe siècle par l’abbaye de Clairefontaine. La paroisse était desservie par un chanoine qui avait charges d’âme. Il y avait, certainement, au début une petite communauté monastique de quelques hommes. Depuis 1215, le concile de Latran IV interdisait la présence de moines réguliers en dehors des cloitres, l’église est alors desservie par un prêtre séculier tout en restant sous l’obédience de l’abbaye-mère.

Cet acte nous en apprend un peu plus sur les différents types de revenus perçus par le prieuré donc par le curé au nom de l’Eglise. Ces revenus servent à entretenir les biens de l’Eglise et à aider les paroissiens dans le besoin.

L’acte nous présente trois principaux types de revenus. Le premier est un impôt, équivalent au cens, la dîme qui est un impôt sur les produits agricoles perçus par le clergé.

A Mérobert deux dimes sont perçues en 1773, la grosse dime perçue sur les céréales et
légumineuses.

« (…) Premièrement la dixme qui se perçoit sur le terroir dudit
Mérobert des grains qui se trouvent ensemencés en seigle méteil
et bled froment, à raison de deux gerbes de septier de terre ou deux
gerbes et demye par arpent de cent perches de chaume vingt deux pieds
qui produisent année commune soixante septiers, sur lesquels ledit
prieuré est tenu de payer au sieur Abbé de Clairefontaine et rendu
audit lieu vingt un septier de bled, le tout mesure d’Estampes,
partant reste au proffit dudit priéuré de la première quantité, trente
neuf septiers de grain qui année commune vaut douze livres
dix sols le septier et forme un total de quatre cent quatre vingt septembre
livres dix sols (487lt 10s)
Plus le même droit de dixme qui se perçoit comme dessus sur les
terres ensemmencées en avoine, orge, petits poids, et vaisse produisant
année commune trois cent minot susditte mezure pouvoir valloir année
commune vingt sols le muids ce qui revient en total à trois cents
livres (…) ».

La dîme était soit perçue en nature, une portion des gerbes récoltées, soit en argent après la vente de la récolte. Dans le cas présent, on ne sait pas si la dîme est perçue en nature ou en argent. Sur le revenu de la dîme, une petite part était réservée à l’abbaye-mère de Clairefontaine, était-ce une sorte de taxe pour rester dans son obédience?

L’autre est la dîme blanche perçue sur les troupeaux de moutons encore nombreux en
Beauce au XVIIIe siècle.

« (…) Plus la dixme des troupeaux et dixme blanche à raison de
quinze deniers par teste à laine produisant année commune
quarante cinq livres (…) »

Le deuxième revenu relevait de l’exercice du ministère du prêtre, des droits
perçus sur les sacrements et cérémonies religieuses :

« (…) Plus le casuel des baptêmes, mariages et sépultures qui peut
produire année commune cinquante livres (…) ».

Enfin les fondations pieuses et actes de dévotion représentent la troisième et
dernière source de revenus pour le prieuré.

« (…)le revenu dudit prieuré consiste
encore en cent vingt neuf livres de fondations pour obits et que la
fabrique paye pour chacun an (129lt ).
Plus la dévotion des trespassez produisant neuf livres par an (9lt).
Plus une confrairie de la Vierge et la dévotion de Saint Sébastien
produisant dix livres par an (10lt) .
Plus la confrairie du Saint Sacrement produisant douze livres
par an (10lt) (…) ».

Les confréries étaient généralement des associations religieuses d’entraide et de secours pour les paroissiens. Ce pouvait également être des groupes de prières qui se relayaient autour d’une chapelle vouée à un Saint. Il existait au moins une confréries dans les paroisses rurales. Ce sont des associations dont on retrouve malheureusement peu de traces dans les archives notariales…

La confrérie de la Vierge et celle de Saint-Sacrements étaient-elles financées par des dons pour aider les plus pauvres ? Ou simplement des associations pieuses ?

Faisant le calcul de toutes ces sommes, je n’obtiens pas le même montant que celui déclaré par les habitants en 1773…Selon eux, le bénéfice annuel du prieure s’élève à 1172 livres et 10 sols.

« (…)Total général du revenu et produit année
commune du prieuré dudit Mérobert montant à unze
cent soixante douze livres dix sols (…) ».

L’acte ne nous apprend pas comment sont perçus ces sommes, par les marguilliers, par les receveurs ? Quel lien y avait-il entre la fabrique et le prieuré ? Etait-il gérer indépendamment de l’œuvre? Cette notoriété laisse de nombreuses questions en suspend et mériterait quelques recherches plus approfondies…

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