I…Inventaire des titres et papiers #ChallengeAZ 2017

Le 19 novembre 1736 devant Maître Jacques Guillaume BLANCHET, notaire royal à Oysonville, est procédé à l’inventaire des titres et papiers de l’œuvre et fabrique de l’église de Mérobert présentés par les marguilliers et le prêtre de la paroisse (1).

« (…) à la requeste de Jean MARAIS laboureur demeurant audit lieu au nom et
comme principal marguillier et boursier de l’œuvre et fabrique de l’église de Notre Dame dudit Mesrobert et de Mamet POIRIER second marguillier de ladite œuvre et fabrique à l’effet de procéder à l’examen et inventaire des titres, papiers et enseignements concernants les biens fonds de ladite œuvre et fabrique, la ou estant en la présence et du consentement de Messire Charles LAMBERT prestre prieur et curé dudit Mesrobert avons procédé audit inventaire ainsy qu’il ensuit (… ) ».

Les archives sont conservées en sécurité, sous clés, dans la sacristie de l’église.

« (…) nous nous sommes transportés dans la
sacristie de l’église dudit lieu ou estants avons trouvé un
coffre fermé sous deux clefs offensives et deffensives dont
l’une reste ordinnairement entre les mains dudit sieur prieur et l’autre en les mains du marguillier en charge de ladite
œuvre et fabrique après l’ouverture duquel coffre avont
trouvé les titres et papiers suivantes (…) ».

L’intérieur du coffre nous en apprend un peu plus sur l’origine et la gestion des propriétés de la fabrique Après le préambule, suit la liste de toutes les pièces conservées. L’acte le plus ancien est une création de rente datant de 1470 et le plus récent, un bail à rente, du 11 novembre 1736, quelques jours avant que l’inventaire ne soit dressé.

En premier lieu, vient l’énumération des testaments reçus par un curé ou par un notaire qui sont tous en faveur de la fabrique de l’église. Au total 8 testaments reçus entre 1548 et 1679.

« (…) Premièrement une copie en papier non signée du testament fait au proffit de l’œuvre et fabrique dudit Mesrobert par Messire Jean DUFOUR prestre en datte du dix huit février mil cinq cent quarante huit aux charges y portées, laquelle après avoir été paraphée du nottaire soussigné a esté inventoriée sous la lettre A.

Item un testament en papier de Jeanne BARDET femme de Blin MESTIVET reçeu par le sieur GARSON prestre desservant la cure dudit Mesrobert en datte du six juillet mil cinq cent cinquante sept faitte au proffit de ladite œuvre et fabrique aux charges et énoncées inventorié et coté B. (…)

Item une expédition en papier d’un testament de Marie HERVET veuve Charles LASNIER en datte du neuf février mil six cent soixante dix neuf reçeu par Nicolas MARCHAND nottaire royal audit Mesrobert fait en faveur de ladite œuvre et fabrique aux charges aussy et énoncées inventorié et cotté G. (…)  ».

Ensuite viennent de nombreuses pièces concernant les propriétés foncières de la fabrique. On retrouve des pièces concernant les biens immobiliers comme des baux ou des échanges entre les marguilliers et des paroissiens.

« (…) Item la grosse en parchemin d’un contrat d’échange passé devant LEGUAY commis du principal nottaire dudit Mesrobert en datte du douze janvier mil six cent soixante seize fait entre François DAUVILLIER au nom et comme marguillier en charge de l’œuvre et fabrique dudit Mesrobert et Jean INGRAIN des terres et énoncé inventorié et cotté I (…) »

« (…)Item trois pièces la première est une expédition en papier d’un bail à loyer passé devant Antoine BLIN nottaire à Mesrobert le six décembre mil sept cent
vingt sept par Jean POIRIER principal marguillier de l’œuvre et fabrique dudit lieu pour neuf années de trois quarts de vigne et trois septiers de terres labourables à Jacques HERON laboureur demeurant audit lieu moyennant la somme de dix livres quatre sols. (…) ».

D’autres pièces sont inventoriées en grand nombre et qui, au même titre que les testaments, permettent de percevoir une certaine piété et dévotion des habitants sous la France d’Ancien Régime qui n’est pas encore entrée dans le processus de déchristianisation de la société.

Ces actes généreux, fondations ou rentes, sont-ils source d’espoir pour le rachat de l’âme des bienfaiteurs et de la garantie du paradis céleste ?

« (…) Item la grosse en parchemin d’un acte portant fondation au proffit de ladite église de Mesrobert passé devant GUARAN notaire en datte du dix avril mil cinq cent soixante quinze par Paquet GIRAULT et sa femme moyennant une mine de terre aux charges et énoncés inventorié paraphé et cotté O.

Item une expédition en papier d’un acte portant fondation au proffit de ladite œuvre et fabique de Mesrobert fait par Me Jacques DUPRÉ prestre moyennant deux septiers de terre aux charges et énoncés passé devant Claude DAUVERGNE et son confrère nottaires au Chastellet de Paris le vingt trois janvier mil six cent vingt trois inventoriée paraphée et cottée P. (…)

Item la grosse en parchemin d’un acte portant fondation au proffit de ladite œuvre et fabrique de Mesrobert passée devant Toussaint MARAIS nottaire royal audit lieu le trois février mil six cent qurante huit par Margueritte BARTHELEMY veuve de deffunt Jacques HAILLARD charges et énoncées moyennant deux septiers de terre paraphée inventoriées et cottée R (…) ».

Ainsi plusieurs actes de fondation ont été conservés dans le coffre de la sacristie. Mais de quoi s’agit ? Fondation de quoi? Le terme reste encore un mystère, des suggestions? Selon la définition une fondation est une affectation perpétuelle d’une masse de biens à une œuvre d’intérêt général ou à un usage pieux déterminé par le donateur. 

Ce sont de généreuses donations faites sans aucune contrepartie. D’autres fondations pieuses ont lieux pour lesquelles ont connaît les intentions des bienfaiteurs. Les paroissiens achètent, contre un lopin de terre, des messes qui seront dites en leur nom et  pour le repos de leur âme après leur mort.

« (…) Item la grosse en parchemin passée devant ledit MARAIS nottaire royal audit Mesrobert le unze may mil six cent soixante dix par Jean DANIEL portant fondation d’un obit en l’église dudit Mesrobert pour le repos de l’âme de Margueritte LASNIER moyennant une mine de terre inventoriée paraphée cottée Z (…)

Item la grosse en parchemin d’un acte passé devant ledit MARCHAND portant fondation en ladite église de deux messes haultes et libéra moyennant deux septiers de terre par Jean DANIEL Gilles LASNIER et autres en datte du vingt sept novembre mil six cent soixante neuf inventoriée cottée AA.

Item la grosse en parchemin d’un acte portant fondation à l’église de Mesrobert de deux obits par chacune année fait par Barbe MARAIS veuve Gabriel GILBERT moyennant deux septiers de terre passé devant ledit MARAIS nottaire audit lieu le trente may mil six cent quarante deux paraphée inventoriée cottée BB.

Item la grosse en parchemin d’un acte portant fondation à l’église de Mesrobert passé devant Nicolas MARCHAND nottaire audit lieu le vingt quatre février mil six cent quatre vingt quinze par Jacques et Nicolas HERSAND de deux messes basses et libera après par chacun an moyennant un septier de terre inventoriée paraphée cottée CC (…) ».

Les messes basses sont des messes lues, sans chants contrairement aux messes hautes ou solennelles qui sont des messes qui ont lieux lors de grands évènements ou de fêtes religieuses importantes. Quant au libera, il s’agit d’une prière lors de l’enterrement qui commence par les paroles libera me, Domine.

Un exemple de fondation pour un libera, une croix offerte au centre du cimetière d’Epieds-en-Beauce dans la Loiret en 1781.

 Photographies personnelles

« Cette croix a été donnée l’an 1781 par Magdeleine DAVIAU veuve de Jacques GUERIN laboureur à Cheminiers à condition de lui chanter après sa mort et après celle de Vrain GUERIN son gendre et de Marie GUERIN sa file, un libera tous les ans le dimanchedes Rameaux après Vespres »

 Les rentes en argent sont également une des principales sources de revenus d’une fabrique. En voici quelques exemples :

« (…)Item la grosse en parchemin d’un contract portant création de vingt de rente annuelle au proffit de l’œuvre et fabrique dudit Mesrobert passé devant BIDIER nottaire en datte du dix sept novembre mil quatre cent soixante dix par Paquet ROUAN à prendre sur la maison située audit Mesrobert carfour dudit lieu inventorié et cottée N (…) ».

« (…) Item la grosse en parchemin d’un titre nouvel de quarante sols de rente due à ladite œuvre et fabrique de Notre Dame de Mesrobert par Antoine PIAT demeurant audit lieu et Marie BOULINIERE sa femme a prendre sur une maison et terres situées audit lieu passé devant Nicolas MARCHAND nottaire royal audit Mesrobert en datte du vingt huit décembre mil sept cent six inventoriée paraphée et cottée JJ (…) ».

« (…) Item deux pièces la première est un contrat de création de quarante sols de rente constituée au proffit de ladite œuvre et fabrique dudit Mesrobert par Léon LAMBERT laboureur demeurant audit lieu aux charges et énoncées passée devant ledit MARCHAND nottaire audit Mesrobert le deux novembre mil six cent soixante dix neuf. La seconde est un titre nouvel desdits quarante sols de rente passé devant ledit MARCHAND nottaire audit lieu le neuf février mil sept cent neuf par Charles LAMBERT marchand laboureur demeurant audit Mesrobert lesdits deux pièces attachées ensemble cottées NN (…) ».

Un titre nouvel est un acte de transmission d’une rente. Lors d’un héritage, l’héritier s’oblige ainsi à continuer le paiement de la rente du défunt donateur.

Des pièces qui font échos aux articles précédemment publiés concernant les assemblées d’habitants (lettres A, E, F et H). Sur la réparation et l’entretien de l’église et sur d’autres dépenses quotidiennes comme les salaires du maître d’école et du bedeau ou les frais de pressing.

« (…)Item dix pièces attachées ensemble qui sont quittances de réparations faittes dans l’église que fournitures blanchissage de linge de l’église, gages du maistred’écolle et du bedeau qu’autres touttes attachées ensemble inventoriées et paraphées par première et dernière seullement pour le tout cottées QQ (…) ».

Pour l’entretien d’un maître d’école pour éduquer la jeunesse mérobertoise…

« (…)Item une liasse contenante cinq pièces attachées ensemble qui sont les titres de propriété de la fondation faitte par le sieur François PIGNARD vivant prestre curé dudit Mesrobert passés devant Lubin CHARPENTIER nottaire royal à Dourdan par Me Thomas CHAPELLIER prestre curé de Richarville au nom et comme légataire universelle dudit sieur PIGNARD pour la subsistance d’un maître d’écolle, lesquelles pièces ont été cottées paraphées et inventoriées par première et dernière sous la lettre DD (…) ».

Les marguilliers n’ont pas pris la peine d’inventorier à la pièce certains actes, soit à cause de leur caducité ou de leur peu d’intérêt.

« (…) Item une autre liasse de parchemins et papiers contenants les droits d’amortissement qui sont de peu de conséquence lesquelles lesdits sieurs curé et marguilliers n’ont désiré estre plus amplement inventoriés mais seullement attachées ensemble cottées, paraphées par première et dernière pour le tout sous la cotte FF.

Item une liasse contenante trente cinq pièces qui sont anciens baux à loyers faits différents particuliers des terre de laditte église lesquelles ont été attachées ensemble et cottées pour le tout GG (…) ».

D’autres nous renseignent sur le rôle et les obligations des marguilliers, comme de rendre des comptes à chaque fin d’année, en tant que gestionnaire de finances de l’œuvre et de la fabrique.

« (…) Item une liasse contenante vingt une pièces qui sont anciens comptes des marguilliers de ladite œuvre et fabrique le premier desquels est pour les années mil sept cent soixante dix huit et dix neuf et le dernier pour les années mil sept trente trois et trente quatre, manquent ceux des années mil six cent quatre vingt, quatre vingt deux, quatre vingt trois, et quatre vingt quatre, ceux des années quatre vingt neuf et quatre vingt douze manquent pareillement comme aussy ceux des années mil sept cent deux, mil sept cent trois et mil sept cent quatre, pareillement ceux des années mil sept cent vingt un et vingt deux, lesquels après avoir été attachés ensemble cottées et paraphées par premier et dernier ont été inventoriés et cottés sous la lettre MM (…) ».

On retrouve assez souvent dans la mention dans les registres paroissiaux mention des visites de l’évêque lorsqu’il y a dans le paroisse un évènement particulier comme les professions de foi ou confirmations. Ces visites donnent lieu à des comptes- rendus sous forme de procès verbaux.

« (…) La seconde est un extrait du procès verbal de visitte faitte par Monseigneur l’Evêque de Chartres dans l’église de Mesrobert en datte du vingt un avril mil sept cent trente cinq signé enfin VINTANT lesdittes deux pièces attachées ensemble paraphées inventoriées cottées PP (…) ».

Le notaire termine son inventaire par mentionner quelques livres de messe et de prières.

« (…) Item six vieux livres qui sont anciens registres des messes et obits (…) ».

Puis tous les titres de propriété sont remis dans le coffre…pour l’éternité… en espérant un jour pouvoir les consulter .

« (…)Qui sont tous les titres de propriétté des terres et rentes appartenantes à la ditte œuvre et favrique de l’église de Notre Dame dudit Mesrobert lesquels ont esté remis dans ledit coffre fermant (…) sous deux clefs dont l’une est restée entre les mains dudit sieur prieur et l’autre entre les mains dudit MARAIS audit nom de principal marguillier qui sera tenu de la remettre entre les mains du marguillier en charge qui sera nommé après luy (…) ».

Pour l’archiviste que je suis, cet inventaire est un vrai trésor, tant pour son contenu que pour sa forme. Le notaire n’est pas loin d’une bonne analyse archivistique dans les règles de l’art.

(1) AD91_2E38/1

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